et surtout des brouettes

Les vilaines

Je n’aime pas mes règles (quelle femme les aime ?). Alors je les appelle les vilaines, les méchantes, souvent avec une majuscule pour les incarner encore un peu plus. Olympe me l’a fait remarquer récemment, me disant que quand même, elles prouvaient que mon corps fonctionnait, qu’elles étaient aussi synonyme d’espoir… Elle n’a pas tort, mais je ne m’y résous pas.  Quand les Anglaises debarquent, j’ai toujours envie de pleurer.

A bien y réfléchir, je ne les ai jamais vraiment aimées. Les ragnagnas sont arrivées trop tôt dans ma vie. En sixième. Je n’y étais pas préparé. Même pas sortie de l’enfance et déjà du sang qui s’ecoule de mon corps chaque mois. J’ai eu du mal à assumer d’être la première de mes copines à passer le cap de la puberté. J’etais gênée… Et ne parlons pas des garçons. Hors de question qu’une tâche impromptue viennent révéler cette évolution pourtant naturelle de la vie. Ah l’âge ingrat du collège… N’empêche, l’arrivée précoce des Vilaines m’a inhibée pendant quelques années.

Devenue adulte, j’en ai rapidement eu marre que chaque mois, des douleurs me tordent en deux. Que voulez-vous les Anglaises ont toujours été abondantes et douloureuses. Mais je me disais que je souffrais pour quelque-chose. Le jour venu, je deviendrai mère. J’en chiais pour un paradis futur… Vieux réflexe judéo-chrétien s’il en est ! Comme si abondance et  douleurs rimait avec fertilité. Ouarf, avec du recul, je me gausse ! Mais j’en étais convaincue. Des règles aussi régulières qu’impressionnantes garantissaient ma descendance. Je suis tombée de haut.

Depuis que je connais mon infertilité, je crie à l’imposture. Chaque mois, non seulement les Méchantes tuent l’espoir qui avait inévitablement grandi en moi mais en plus elles me donnent l’illusion que mon corps fonctionne, alors que manifestement, j’ai tout d’une machine cassée. Tout cela en restant intenses et éprouvantes. J’ai a chaque fois la sensation d’avoir les inconvénients sans les avantages, qu’on m’a menti sur la marchandise.

Bientôt, je serai libérée. je le sais.  Avec mon insuffisance ovarienne, la ménopause arrivera avant mes 40 ans. C’est une certitude. Et vous savez le plus drôle ? Je leur en veux déjà à ces ragnagnas de me quitter si tôt. Je prefererais qu’elles restent un peu plus longtemps, quitte à me faire souffrir encore un peu.

Arrivées trop tôt, les Méchantes vont également s’en aller précocement. C’est ainsi… Mes règles et moi, nous n’avons jamais été en phase. Alors je les boude et les appelle les Vilaines pour le leur signifier. Les Ingrates seraient peut-être plus appropriées…

20 réflexions au sujet de « Les vilaines »


  1. Un jour, ma mère m’a dit « Avec la façon dont tu parles de la PMA, on dirait que tu luttes contre ton corps. Est-ce que ça ne peut pas compromettre la réussite ? »
    Je précise que c’était une vraie question, pas une accusation ou une culpabilisation.
    Ça m’a fait tilt, j’ai compris que je suis l’alliée de mon corps dans cette histoire, ou que mon corps est mon allié. Du coup, plus de Vilaines ni de Méchantes, plus de DNLP ou autres termes guerriers.
    Du coup, on s’est mis à travailler en équipe, mon corps et moi, jusqu’à un moment stupéfiant pour moi où j’ai fini par dire à mon corps (oui, je sais je suis tarée, je parle à mon corps) « Je te fais confiance » : c’est sorti tout seul, et je peux te dire que ça m’a fait un vrai choc…
    Je ne sais pas où me mènera cette (r)évolution, mais ce que je peux dire c’est que ça m’a sacrément apaisée.

    J’ai du mal à conclure mon com, parce que je ne voudrais pas que ce soit pris comme un « tu devrais faire comme moi » : ce n’est surtout pas mon idée.C’est juste un témoignage d’une femme qui aurait pu écrire un billet ressemblant au tien avant, mais maintenant ce n’est plus le cas.
    Plein de bises ma belle.

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  2. Mes reds ont débarqué le jour de noel quand j’avais 11 ans. Tu parles d’un putain de cadeau. J’étais garçon manqué, pas du tout prête à cela. Et comme toi, règles hyper abondantes et douloureuses depuis des années.
    La PMA a le mérite d’avoir plus ou moins calmé la douleur et le flot …
    tous ces médocs ingurgités et injectés ont visiblement un effet, même si ce n’est pas celui souhaité.
    gros bibis

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  3. J’aurais également pû écrire ce post, c’est fou! Réglée à 11 ans et je remercie encore le ciel d’avoir eu une année d’avance, ce qu’il fait que j’étais en 6ème et non en CM2.
    Toujours abondantes, toujours douloureuses, et c’est d’ailleurs pour ça que je me suis retrouvée sous pilule dès l’êge de 13-14 ans, c’était juste insupportable.
    Je me suis également dit que bon, cool, ça voulait dire que tout fonctionnait.
    Sauf que non. Qu’il aura fallu attendre mes 32 ans pour apprendre que ces douleurs insoutenables me rendant malade comme un chien provenaient d’endométriose, que j’avais certainement eu depuis toujours vu mon stade IV, mais qu’aucun toubib n’a jamais décelé

    Je souhait que 2012 vous soit douce et non ingrate…

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  4. J’aurai pu écrire tout ce que je viens de lire et cela fait vraiment bizarre !!!! Comme je te comprends !!!!
    Je te souhaite sincèrement que FIV 4 signe l’arrêt des Vilaines.

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  5. je vis aussi ce paradoxe de les nommer les « vilaines » , lorsque je les vois abondantes, je pleure ce nid douillet qui n’a pas pu garder les petits … je le remercie d’être là mais je le haïs de s’en aller … du coup l’endométriose serait presque psy puisque je garde une partie de la muqueuse… rien de simple. Il faudrait leur trouver un autre nom, moins violent.

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  6. Avant tout je te souhaite une merveilleuse année et je sais quel voeu on a en commun. Que 2012 l’exhausse enfin !

    Pour rebondir sur ton post, moi, mes vilaines ne m’ont jamais trop dérangée. Pas douloureuses, pas abondantes, super régulières. Depuis l’infertilité et la « révélation » du SIO, je les déteste et rares sont les mois où je ne pleure pas en constatant qu’elles débarquent… Depuis ma dernière FIV (juillet 11), alors que jusque là mes cycles ont tjrs été de 28 jours, elles font n’importe quoi, de 26 à 33 jours, c’est au choix !
    Du coup je flippe à mort et je me dis que c’est les 1er signes de ma ménopause. Je m’angoisse énormément pour ça. Je crois qu’aujourd’hui ça m’inquiète plus que l’infertilité. Parce que l’infertilité n’est pas une fatalité ! On l’aura autrement notre bébé !
    J’ai donc pris un rdv chez le gynéco spécialement pour parler de ça et j’espère que je pourrai passer ce cap sans trop subir les effets secondaires liés à cet « état »…

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  7. bon évidemment mon expérience est différente. j’ai toujours bien vécu mes règles malgré les migraines parceque justement c’était la preuve que tout était ok. Il a fallu que j’ai un stérilet aux hormones et qu’elles disparaissent donc pour m’apercevoir que contrairement à ce que je pensais elles ne me manquaient pas du tout mais alors pas du tout

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  8. Relation ambigue aussi pour moi…Elles arrivent, je crains la tâche même encore à mon âge et j’ai hâte qu’elles finissent, elles reviennent trop souvent. Pour moi, elles ne sont pas signes que mon corps fonctionne, je n’ovule pas et j’ai mes règles je n’ai aucun espoir d’un bébé couette, 6 ans sans contraceptif et rien…Ma seule grossesse fut grâce à une IAC et j’ai eu cette merveilleuse chance.
    Bref, ingrates leur va bien!

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  9. J’ai eu mes règles à 11 ans et même si je ne peux pas dire que ce soit la meilleur partie de mon cycle, elle ne me posent pas de problème (même si elles sont aussi douloureuses). Il n’y a guère qu’après l’échec d’une iad qu’elles me rendent triste. le reste du temps, je les voit comme le signe que mon corps fonctionne mais j’ai la chance que ce soit le cas.
    Bonne année à toi. Biz

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  10. j’avoue que je ne les aime pas beaucoup non plus, sans doute justement parce que chez moi, elles ne viennent que si elles sont « cordialement » invitées par des médocs…
    et puis à chaque fois qu’elles reviennent, je pleure un bon coup (évidemment), je suis d’une humeur de chien au boulot pendant 2-3 jours et puis voilà… mais je commence à être tellement blasée que je vais finir par ne même plus réagir!
    maintenant, j’avoue que je ne leur ai pas encore trouvé de surnom approprié… mais les Vilaines ça colle assez bien!

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  11. ah la la, ça me parle que trop cet article. difficile d’être à l’aise avec sa féminité quand on a de l’endométriose avec des règles douloureuses, stt dans un contexte d’infertilité. J’en veux pas mal aux divers médecins consultés depuis mes quinze ans, qui n’ont jamais pris ces douleurs au sérieux… Il aura fallu qu’on m’opère pour que j’ai la preuve que, non, c’est pas dans ma tête.
    Enfin, tant qu’elles sont là (et pour l’instant, pour toi, elles sont bel et bien là, douloureuses, chiantes au possible, mais là), c’est signe que ça fonctionne encore…. Belle année 2012, en tout cas.

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  12. Pas évident notre rapport aux règles. La plupart du temps j’essaie de les oublier…
    J’ai parler il y a pas longtemps de la fleurcup sur mon blog. Je crois que ne plus acheter de serviettes hygiénique m’aide à penser à autre chose.
    Mais effectivement, c’est signe que le corps fonctionne encore…
    Bisous

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  13. Mes vilaines sont arrivés en quatrième. J’étais pas le dernière mais pas loin. Ceci dit, elles ont été hémorragiques à chaque fois jusqu’à ce que ça se tasse avec l’âge.
    Sinon, elles me rappellent cruellement que, oui, mon mari est infertile et que, non, le BB couette c’est définitivement pas pour nous.

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  14. Les miennes sont arrivées ce matin tuant le 1er espoir de bb2,
    je sais bien au fond de moi que ce ne sera pas le 1er espoir tué.
    Ca me déprime grave si on est ménopausées à 40 ans(soit dans 3 ans pour moi)
    J’espère que ton désir se réalisera avant tout ça.

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  15. Moi les reds, je les crains que depuis l’infertilité, elles ne sont pas douloureuses, n’étaient pas abondantes (n’étaient car depuis peu cela change) alors que j’ai un peu d’endométriose … Mais c’est clair que je préférerais ne plus les avoir de 9 mois !

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    1. Et oui on est toutes différentes. J’en profite pour te souhaiter une très belle année (je n’ai pas réussi à te laisser un com’ sur ton blog, je ne sais pas pourquoi)

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  16. Moi qui vais subir une IVG dans deux jours et qui n’espère qu’une chose : qu’elles reviennent après… (je souffre d’endométriose comme toi mais la question de maternité ne se pose pas pour l’instant). Comme quoi, c’est là qu’on mesure l’énorme différence entre l’histoire de chaque femme et ce qu’un « événement » comme les règles peut se ressentir différemment…

    J’espère ne pas te blesser en évoquant ma grossesse non désirée dans ce commentaire ; crois-moi c’est loin d’être la joie et j’aurais aimé ne pas passer par là. J’espère sincèrement que tu auras ton « +++ », parce que je suis ton blog depuis 1 an maintenant et que s’il y en a une qui mérite d’être mère, c’est bien toi.

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    1. Je comprends et cela ne doit pas être facile comme démarche… Chaque histoire est différente… Mes pensées t’accompagnent ! Bises

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  17. Moi aussi les premières règles en sixième, moi aussi la première de mes copines, moi aussi la hantise des tâches sur le pantalon… Moi aussi la haine de les voir débarquer, et moi aussi la peur de les voir s’en aller… Tel est notre lot en I.O! Courage pour les douleurs, et les sauts d’humeur. Quand est-ce que vous envisagez FIV4? Bisous

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    1. Fiv 4 sera lors du prochain cycle, soit fin janvier – février… Tout dépend de mon corps…

      Je t’embrasse et te souhaite une merveilleuse année.

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