et surtout des brouettes

Adoption : la première réunion

Il y a quelques jours, nous avons franchi un pas. Nous sommes allés à la réunion sur l’adoption. Première étape obligatoire avant de déposer une demande d’agrément. Nous avions été prévenus : cette première réunion est déprimante. Je le confirme : elle l’a été.

Pendant trois heures, plusieurs travailleurs sociaux se sont relayés pour expliquer à une dizaine de couples et quelques célibataires (dont nous !) à quel point l’adoption est une démarche de longue haleine.

Pendant trois heures, détails juridiques, sanitaires et autres statistiques nous ont été assénés. Pas vraiment le temps de souffler, quelques minutes pour poser des questions.

Le préambule est simple et clair : l’aide sociale à l’enfance n’est pas là pour trouver un enfant à des parents mais bien des parents à un enfant. Un autre regard qui fait toute la différence.

Avant de se rendre à cette réunion, nous étions plutôt confiants : nous sommes encore relativement jeunes (34 ans pour moi, 37 pour mon homme), nous sommes mariés (detail juridique qui a son importance pour adopter. impossible d’adopter en couple à l’international quand on n’est pas passé devant Monsieur le Maire), nous vivons dans un trois pièces et avons les moyens d’élever des enfants. Et je ne m’avance pas trop en disant que nous sommes plutôt stables psychologiquement.

Oui mais voilà tout n’est pas si simple. Déjà, le nombre d’enfants adoptables diminue : -22% d’enfant adoptés entre 2010 et 2011 en France (nationale et internationale confondues). La convention de la Haye qui a ses vertus est passée par là. Ensuite, chaque pays possède ses critères plus ou moins stricts. Et là stupeur : Nous sommes déjà trop vieux pour adopter un nourrisson en Éthiopie ou en Colombie par exemple. Il faut moins de 35 ans au moment de l’apparentement pour avoir un bébé. Des enfants de plus en plus grands sont proposés en fonction de l’âge des parents…

Évidemment, au premier abord, notre envie est d’adopter un nourrisson en bonne santé. Mais une grande partie de la réunion a tourné autour des « enfants à besoins spécifiques », c’est-à-dire qui ont des soucis de santé ou ont subi de lourds traumatismes. Selon les intervenants, ces « profils » sont de plus en plus courant. Et là la réunion s’est transformée en cour des miracles : hépatite B, pathologie cardiaque, alcoolisation fœtale, bec de lièvre, mère toxico… Sans compter le prix d’une adoption internationale (environ 15 000 euros) et le temps d’attente (3-4 ans semblent un minimum). Et bonne journée hein !

Évidemment nous ne sommes pas au pays des bisounours. Évidemment, tout enfant adopté est d’abord un enfant abandonné, qui a déjà vécu des traumatismes après quelques mois ou quelques années de vie. Évidemment, les travailleurs sociaux veulent ouvrir nos esprits à ces réalités. Mais tout ça d’un coup, à un moment ça devient too much….

À la fin, nous sommes sortis avec une impression mitigée. D’une part la sensation d’une double peine : vous avez aimé la PMA, vous allez adorer l’adoption. Mais de l’autre, l’idée qu’ils avaient vraiment envie de nous décourager et que le tableau devait être un peu noirci.

Très vite, nous avons ri de cette accumulation de détails plus sordides les uns que les autres. L’apres-midi même, nous commencions à rassembler les documents pour constituer notre dossier. Ce n’est pas un discours alarmiste qui va nous arrêter… On nous a déjà fait coup en PMA…

25 réflexions au sujet de « Adoption : la première réunion »

  1. Je crois que les professionnels de l’adoption perdent la tète…Qui a besoin de qui ? Vous pouvez toujours laisser les enfants dans les structures de l’état ou dans leur familles sinistrées…en faisant ça vous produisez seulement pauvreté et amertume! Les professionnels de l’adoption s’obstinent à rabaisser et à chercher le petit détail qui fâche aux aspirants parents… concentrez vous plutôt sur comme sauver ces petits des structures de l’état e surtout des leurs parents biologiques !!! Au secours!!!

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  2. Ce n’est pas juste que le parcours soit si compliqué pour adopter quand on voit par ailleurs qu’il est si facile pour des gens si peu stables et sûrs d’avoir des enfants biologiques… J’ai des amis d’amis qui ont attendu assez longtemps, qui n’étaient plus tout jeunes, mais qui ont accueilli l’an dernier un petit garçon de 5 ans et c’est un vrai bonheur apparemment.
    Je vous souhaite bonne chance dans vos démarches. Et je pense qu’il devrait pouvoir être normal de pouvoir continuer la PMA par ailleurs. Et si deux bonnes nouvelles arrivaient en même temps ? Cela arrive !

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    1. Tout à fait d’accord avec vous. Ma femme et moi avons perdu notre fille dès sa naissance (étranglée par son cordon), nous venons de PMA et il faut tout recommencer. Nous faisons en parallèle un dossier pour adopter et le combat va être très long.
      Et oui je confirme que quand on voit des gens avoir des enfants alors qu’ils n’en ont rien à faire, et bien ça fout les frissons…
      PS nous sommes âgés de 37 ans pour moi et 39 pour ma femme….
      Bon courage à tous.

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  3. Bonjour à tous,
    Je consulte ce blog pour la première fois, car je me lance également dans une procédure d’adoption. J’ai 47 ans et suis célibataire. Quelles pourraient être mes chances d’arriver au bout de cette aventure ? J’ai ma première réunion le 9 mars et me je me pose pas mal de question.
    Je vous remercie pour vos témoignages.
    Nadi

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    1. C difficile de répondre… Je pense qu’arriver au bout comme vous dites est possible, mais de ce que j’ai entendu cela sera difficile pour vous d’adopter un nourrisson. En même temps, je ne suis pas une experte encore et je ne veux pas vous induire en erreur.

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      1. Merci Lily pour votre réponse. J’attends cette réunion avec impatience. Je reste confiante. C’est vrai, qu’adopter un nourrisson sera compliqué à mon âge. Mais si j’ai la possibité de recevoir dans mon foyer un enfant plus âgé, j’en serais comblée.

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  4. Merci pour ce témoignage, même s’il fait un peu peur au premier abord, au moins il nous sera utile dans l’avenir puisque nous nous tournerons probablement vers l’adoption après la PMA !

    Et bon courage !

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  5. Ca a dû être drôlement éprouvant comme première étape… Car même si l’on imagine que le tableau est un peu noirci, le parcours est pas vraiment rose et facile.
    Je pense souvent à vous et je prie de tout mon coeur pour que la prochaine FIV soit la bonne…
    Bisous

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  6. Je confirme que c’est noirci : ma soeur et mon beau-frère sont passés par là aussi, ils ont eu le même sentiment. Je pense que c’est une habitude des CG pour décourager certaines personnes qui pourraient éventuellement prendre la chose à la légère… Courage!

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  7. Merci pour vos petits mots, conseils e témoignages, je saurai où vous trouvez en temps utiles.

    Au vu des infos de cette réunion, il semblerait que nous ayons plus de chances en France qu’à l’étranger… À condition de s’armer de patience…

    Bref une nouvelle aventure commence… Sans oublier les autres en parallèle.

    Parfois, je regrette de ne pas avoir lancé les démarches plus tôt, ça nous aurait fait gagner de précieuses années… Mais bon il faut aussi du temps pour se sentir prêt…

    Aujourd’hui je me pose surtout des questions sur ce qu’il faut dire pas dire lors des entretiens.

    Bisous

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  8. Pour nous aussi, la réunion au CG avait été dure à avaler… mais j’ai la nette impression qu’ils cherchent à décourager les gens, ou du moins à tester leur détermination.
    As-tu pris contact avec l’asso Enfance et Familles d’Adoption (EFA) ? nous on avait pris contact juste avant notre +, on y reviendra peut-être, ils ont l’air vraiment bien. Ils ont un site internet et des contacts dans tous les départements.
    (chez nous, hors de question de mener de front PMA et agrément : on était donc décidés à mentir sur ce point… renseignez vous sur votre département : parfois, ils poussent jusqu’à re-refuser un agrément, même la PMA finie définitivement !)

    Pis sinon, je t’ai taguée, si le coeur t’en dit !

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  9. ben dis donc, la réunion à laquelle on a assisté ici était beaucoup moins noire. Certes c’est plutôt un chemin chaotique mais bon ça reste praticable ! Faut dire qu’on était allé faire un tour avant sur le site http://www.adoption.gouv.fr. ce qui perso m’a permis de digérer les frais auxquels tu fais allusion qui varient d’un pays à l’autre (ce que ma raison peut entendre mais mon coeur a du mal). On a pris contact avec une association qui s’appelle Enfance France Adoption : EFA, qui entoure les personnes souhaitant adopter dans toutes les démarches : pour l’obtention (comment ça se passe), une fois l’agrément obtenu et – ce que je trouve particulièrement intéressant – une fois l’enfant là, ce sont des rencontres entre les familles et les enfants. Ce sont des discussions qui font avancer dans la définition du projet. Concernant la cours des miracles comme tu dis, eux nous ont présenté les choses telles que qu’il s’agissait souvent de pathologies handicapantes dans certains pays et pas chez nous mais qu’il fallait en être conscient. D’ailleurs nous avons rencontré un couple qui a adopté une petite asiatique de 2 ans présentée comme ayant un problème cardiaque, elle a maintenant 7 ans, est en parfaite santé et a un léger strabisme… Quant au délai, a priori cela peut être plus long aussi…
    On a indiqué qu’on aimerait une fratrie et là… horreur ! mais vous êtes fou !!! vous vous rendez pas compte de l’implication, de la demande d’attention que cela va exiger… enfin bref on en a entendu des vertes et des pas mûres… mais on persiste, on verra bien maintenant quand on va débuter les rendez-vous….Alors parfois on le vit comme une double peine et en même temps on se dit que ce sera un double bonheur !

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  10. Ah et j’avais oublié… Si la Colombie est une éventualité pour vous, je vous conseille ce site :

    http://raisingcolombiankids.blogspot.com/.

    Celle qui le tient est une Colombienne vivant aux Etats-Unis. Elle a elle-meme adopté deux petits garçons colombiens. Elle est très active sur les réseaux de l’adoption (surtout aux Etats-Unis), et elle m’avait donné des conseils lorsque j’avais initié ma première procédure. Et surtout, elle parle si bien de la Colombie, de sa culture, de ses gens.

    Bonne lecture !

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  11. Je lit votre blog depuis un moment, mais commente (trés) rarement … un petit mot pour vous dire de foncer … je suis la maman adoptive de 2 petites merveilles Ethiopiennes … je me souviens la réunion avec l’OAA, avec des tas de détails sordides .. mon mari et moi regardions la porte fenêtre prés de nous et nous n’avions qu’une envie … nous sauver en courant !!! lol !!! bien nous en a pris de rester caler sur nos chaises … Alors oui, l’adoption n’a rien de simple, plus encore aujourd’hui qu’il y a 10 ou 15 ans, oui, le chemin vas encore être trééés long … mais il faut croire en sa bonne étoile, au petit fil rouge qui nous relie à notre/nos enfants … je suis certaine que vous ferez de merveilleux parents …
    Bonne route à vous … et je me permets : si vous avez quelques questions, n’hésitez pas, je m’y connais un peu dans le domaine de l’adoption 😉
    Kakaille

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  12. Juste une petite remarque : vous n’êtes pas trop vieux pour adopter un bébé en Colombie. L’âge limite est 38 ans au moment de l’apparentement, et en général l’âge pris en compte est celui de la mère. Par ailleurs, si tu veux avoir des infos sur l’adoption en Colombie (je suis Colombienne et ai adopté une petite fille en Colombie), tu peux bien sûr m’écrire ! Besos,

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  13. J’ai des amis qui ont adopté un petit garçon d’origine occidentale (blond aux yeux bleus, comme eux) dans la région PACA, pupille de la nation, il avait 3 mois… Ma copine avait alors 40 ans et son mari 44… Le petit a maintenant 3 ans. Je ne sais pas comment ils ont fait, mais le fait est là… Mais je sais que ça a été long… Bon courage!

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  14. Je crois aussi, pour avoir baigné dans le monde des parents adoptants depuis mon enfance, que ce n’est guère noirci, comme tableau. Mais bon, on peut aussi se dire que tout le reste, l’après, c’est autre chose, c’est VOTRE projet.
    Par contre, si vous voulez des détails sur le « bec de lièvre » (je n’aime pas du tout ce terme) et le suivi médical qui va avec, je peux vous en donner plein car mon aîné a cette malformation (dans la liste de celles dont on vous a parlé, je prendrais celle-là sans hésiter… si on a le droit de faire son marché) 😉

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  15. Même sentiment en sortant de cette réunion… mais, même pas peur ! Sans perdre de temps, nous avons monté notre dossier, « subi » le entretien et le stress qui va avec (on a briqué la maison comme jamais, planqué des trucs (genre des bouquins dans la bibliothèque), mis d’autres trucs en évidence, anticipé les questions les plus tordues qu’il peut se concevoir… !! mais en fait, ce n’est pas si terrible. Je pense qu’il y a des « cas » mais aujourd’hui je suis certaine que l’AS et la psy sont surtout là pour nous aider à bien murir notre réflexion, et bien sûr s’assurer que nous ne sommes pas des gens dangereux !) et décroché ce fameux agrément.
    Bientôt un an que nous l’avons et… nous n’en avons rien fait… Tous les OAA que nous avons contactés (et nous avons contacté tous ceux qui correspondaient à notre projet), ont rejeté notre dossier. Notre agrément est pour un enfant de moins de 2 ans (nous aimerions tant un « petit ») et effectivement nous sommes trop vieux pour un enfant si jeune. Les rares enfants de – de 2 ans sont confiés à des couples de – de 35 ans. C’est imparable. Même si ce n’est pas dans les critères officiels des pays, c’est un critère supplémentaire et « officieux » que se fixe les OAA.
    Du coup, nous sommes assez découragés… Reste trois options : osez l’adoption individuelle (donc sans le cadre rassurant d’un OAA et c’est tout de même assez flippant…), faire modifier notre agrément et accepter l’idée d’un enfant de 5 ans et + (sacré grand-écart…) ou accepter notre sort de couple sans enfant et passer de « presque parfaitement heureux » à « parfaitement heureux » tout court !
    Même si mon commentaire n’est pas que joie, je vous félicite d’avoir passé ce cap et poursuivez votre chemin en ayant bien à l’esprit ces questions d’âge, si vous parvenez en cours de procédure à envisager un enfant plus grand, vous gagnerez probablement du temps et vous vous épargnerez des déceptions…

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  16. Sur le forum A l’ombre du figuier, tu trouveras le type de questions qu’on pose lors des entretiens. Tout est passé au crible.
    Comme tu dis, c’est un peu une double peine. Il faut prouver qu’on « mérite » d être parents.

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